Les tapis kilims sont de véritables trésors de l'art textile, portant en eux une riche histoire et un héritage culturel. Le kilim est un tapis tissé à la main qui trouve ses origines dans les civilisations anciennes. Il représente un mélange unique de motifs géométriques, de couleurs vibrantes et de symboles traditionnels.
Plongeons dans l'univers fascinant des tapis kilims et découvrons leur héritage multiséculaire.

L'histoire du kilim

Le mot « kilim » est couramment utilisé pour désigner un tapis de laine tissé, originaire du Proche-Orient, du Caucase, et d'Asie Centrale. Ces tapis existent depuis près de dix mille ans, une assertion appuyée par de nombreux vestiges archéologiques. Leur fonction n'était pas, jusqu'à récemment, commerciale. Ils demeurent le reflet authentique de la mémoire et de l'identité des peuples sédentaires, nomades, et semi-nomades qui les tissent. Chaque tribu et chaque village arborent un style distinct, allant de couleurs chatoyantes à des motifs plus sobres, en fonction de leurs régions.

La diversité des motifs est remarquable. Chaque région a ses propres motifs et styles, témoignant de sa riche histoire et de ses traditions.

Le savoir faire

La création d'un kilim est un processus complexe qui nécessite un savoir-faire traditionnel transmis de génération en génération. Sa technique s'apparente à celle de la tapisserie. Constitué de fils de chaîne dans la longueur, les fils de trame verticaux passent entre eux pour former les motifs distinctifs. Bien que fabriqué sans velours, la technique du kilim assure un tissage serré, garantissant sa robustesse. 

Les matières

A l’origine, ces tissages étaient l'œuvre de femmes nomades ou villageoises pour répondre à leurs besoins domestiques. Elles utilisaient les matières premières à leur disposition, principalement la laine, avec parfois du coton pour la chaîne ou pour mettre en relief certains motifs. La qualité des matières premières va être déterminante pour la beauté et la solidité du tissage. Les laines de belle qualité apportent brillance et soyeux au tissage.

Le filage de la laine

Traditionnellement les kilims étaient tissés avec des laines filées à la main. Cette technique transmise de génération en génération permet de conserver la douceur, la brillance du fil et sa solidité. Par ailleurs, le filage à la main va donner un grain au fil qui va faire vivre le tissage et permettre à la teinture d’imprégner la laine en faisant ressortir toutes les nuances de la couleur. Enfin, il ne nécessite pas d’additifs tels que la graisse généralement utilisée lors du filage machine.
Avec le développement industriel, le filage de la laine à la machine va apparaitre. Cette technique va ternir les laines et donner un fil plus régulier, donc moins vivant. L’usage de matière telle que la graisse, va alourdir le fil et le rendre plus salissant.
Tous les kilims de la galerie TRIFF sont ou ont été tissés avec des laines filées à la main.

La teinture des laines

À l'origine, la teinture des laines était obtenue à l'aide de colorants naturels dérivés de plantes et de minéraux. Les artisans extrayaient des pigments à partir de sources telles que l'indigo, la racine de garance et les peaux de grenade pour créer une palette de teintes riches et profondes. Ces colorants ont également la particularité d’être plus stable dans le temps et à la lumière.
Cependant, avec l'avènement de la chimie, les colorants à l’aniline ont été développés dès la fin du 19ème siècle. Offrant une palette de couleurs beaucoup plus importante et étant plus facile à utiliser, ils vont remplacer les colorants végétaux au fur et à mesure de leur apparition dans les différentes régions. Etant moins stables dans le temps, les couleurs vives vont s’estomper et donner un côté « poudré » aux teintes.
A la fin des années 1980, début des années 1990, lorsque la galerie TRIFF va lancer ses propres collections de kilim, elle va réintroduire l’utilisation des colorants végétaux.

Le tissage

Chaque kilim est tissé à la main avec une minutie et une précision exceptionnelle. Les tisserandes turques utilisent des métiers à tisser traditionnels pour réaliser ces tapis uniques.
Pour les kilims anciens, ces artisanes réalisaient leurs tissages sans carton à dessin, interprétant elles-mêmes les motifs traditionnels de leur région ou tribu, qui se transmettaient de mère en fille. Ce savoir-faire authentique permet aujourd'hui de déterminer les régions de provenance d'un kilim.
Les kilims contemporains de la galerie TRIFF sont tissés à partir de nos cartons à dessin en utilisant la même technique ancestrale. Chaque kilim va donc être unique car même si le motif est identique, l’interprétation de la femme va le personnaliser.

L'évolution du kilim

Les kilims de collection

Cette appellation concerne les tissages qui ont été exécutés alors que n’existaient pas encore de colorants chimiques dans leur pays d’origine.

Un nombre d’années plus ou moins élevé n’ajoute pas forcément une valeur supplémentaire aux kilims. Seule est prise en compte la notion d’authenticité que confère l’utilisation de couleurs végétales et la confection de ces tapis à des fin personnelles et non commerciales.

Les kilims anciens

C'est le type de colorants utilisés pour teindre les laines qui différencie les kilims de collection des kilims anciens. En effet, dès l’apparition des colorants chimiques, les femmes ont progressivement abandonné l’usage des colorants végétaux.

N’ayant pas été tissés à des fins commerciales, ils restent l’expression des traditions locales. Ce qui leur garde un caractère authentique et tout leur charme.

Les kilims contemporains

La galerie TRIFF a développé ses propres collections dès la fin des années 80, et a ainsi contribué à une véritable renaissance du kilim.

L’ensemble de leur fabrication est réalisé entièrement à la main, du filage de la laine au tissage du tapis. Ce qui permet de proposer aujourd’hui, en plus des reproductions de motifs traditionnels, une large gamme de modèles contemporains qui allient avec bonheur des effets de couleurs et de matières.